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Chers amis,

Dans mon article du 5 juin dernier, à l’occasion de ma traversée des Ardennes, je vous faisais part de ma rencontre avec Monsieur Emmanuel Jacquemin, élu rural, qui a entamé une grève de la faim contre la fermeture des établissements scolaires ruraux.

Je suis resté depuis ce jour en contact Monsieur Jacquemin, et face à l’importance de son engagement, je souhaitais vous présenter plus en détail son combat et réaffirmer mon total soutien avec ses revendications.

Conseiller municipal de la commune rurale de Pouru Saint Rémy, il s’est associé au collectif Ardennais « Sauvons nos écoles » afin d’adresser, le 26 mai 2013, une lettre ouverte au Ministre de l’Education. Elaboré par des élus et des parents d’élèves, ce courrier visait à obtenir la suspension des projets de fermetures ou de transferts d’établissements scolaires dans les Ardennes. Ces décisions ministérielles remettent en effet en question le droit fondamental à une éducation de qualité pour tous, aux plus près des lieux de vie des citoyens. Elles menacent l’offre de formation et accélèrent surtout le processus de désertification dans une région déjà très fragilisée par les ravages de la crise économique.

A ce jour, l’absence de réponse du Ministre et la fin de non recevoir qui lui sont imposées l’ont amené à prendre la décision grave d’entamer une grève de la faim, et ce depuis plus d’un mois maintenant. Ce geste de désespoir est également une action emblématique pour la défense de l’école et le maintien des services publics sur les territoires ruraux. La sauvegarde des écoles rurales permet de préserver le lien social et intergénérationnel. Ces menaces de fermeture vont venir gonfler les effectifs des établissements scolaires voisins et nuire à la qualité d’enseignement puisque l’on sait que des classes surchargées mènent à l’échec scolaire.

La France, 5ème puissance mondiale, connait un échec scolaire massif qui se traduit par la sortie du système éducatif de 150 000 jeunes sans diplôme chaque année. Malgré cela, des décisions prises en hauts lieux sans aucune concertation et en toute méconnaissance des spécificités des territoires ruraux, pénalisent des régions déjà fortement sinistrées. Il n’est plus concevable en ces périodes de crise que la « démocratie territoriale » ne s’accompagne pas d’une participation des élus et des citoyens aux décisions locales. Cette action emblématique va bien au-delà d’un problème local et spécifique puisqu’elle porte également la défense des filières littéraires, en train de disparaitre sur tout le territoire français. L’inquiétude amenée par le chômage favorise en effet des filières scientifiques surchargées au risque de faire disparaitre à leur tour notre tradition et notre culture. La France était un pays éminemment littéraire mais la réforme des lycées découlant de la soumission aveugle au traité de Lisbonne transforment l’école et la culture en service.

Ces politiques du sacrifice aveugle font des territoires ruraux les territoires oubliés de la République et instaurent une profonde iniquité entre les populations urbaines et rurales que rien ni personne ne peut être en mesure de justifier.

Un élu en grève de  la faim pour la défense de l’école
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